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Les attentats et faits divers qui ont bouleversé les campagnes présidentielles

Nicolas Sarkozy, le 19 mars 2012, après l'attaque de l'école juive de Toulouse Ozar Hatorah par Mohamed Merah. ERIC CABANIS/AFP

Les campagnes présidentielles ont été régulièrement marquées par des événements tragiques, parfois suivis de polémiques sur l'instrumentalisation de l'émotion collective au profit d'un candidat.

Deux jours après l'arrestation de deux djihadistes à Marseille soupçonnés de préparer un attentat visant l'un des principaux candidats, un policier a été tué sur les Champs Elysées dans ce qui semble relever d'un acte terroriste. À quelques heures du premier tour, l'alerte est maximale. Ce n'est pas la première fois qu'une campagne présidentielle est bouleversée par un attentat ou un fait divers. Rétrospective.

» À lire aussi: EN DIRECT - Les dernières infos sur la fusillade des Champs Elysées

» Le 3 octobre 1980, l'attentat de la rue Copernic

Un vendredi soir de shabbat, une bombe placée dans la sacoche d'une moto explose devant la synagogue de l'Union libérale juive de France, faisant 4 morts et 46 blessés. L'attentat survient à six mois de l'élection de François Mitterrand. La première piste privilégiée est celle de l'extrême droite. Très rapidement, la sphère politique se mobilise. Fait rarissime, le 7 octobre, l'Assemblée nationale vote à l'unanimité une suspension de séance, qui permet aux députés le souhaitant de rejoindre une grande manifestation qui s'étire de Nation à la place de la République. François Mitterrand est présent. Il a multiplié les déclarations au cours des jours qui ont suivi l'attentat: «Je suis l'ami de la communauté juive. Il est normal d'être présent auprès d'elle», explique-t-il lors d'une cérémonie à la synagogue.

Valéry Giscard d'Estaing, lui, ne se rend pas sur les lieux de l'attentat et ne s'exprime que par voie de communiqué. Son premier ministre, Raymond Barre, commet quant à lui une maladresse au soir de l'attentat, en déclarant sur TF1 que «cet attentat odieux a voulu frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue» ainsi que «des Français innocents qui traversaient la rue Copernic». Tollé dans l'opposition. En 2007, peu avant sa mort, Raymond Barre est revenu sur cet épisode, assurant avoir été victime du «lobby juif lié à la gauche».

» Le 5 mai 1988, l'assaut de la grotte d'Ouvéa

À deux jours seulement du second tour, des indépendantistes kanaks prennent d'assaut la gendarmerie de Fayaoué, sur l'île d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie. Quatre gendarmes sont tués, seize pris en otage et conduits dans une grotte. En pleine cohabitation, les candidats Chirac et Mitterrand vont s'affronter sur la gestion de la crise. Matignon prend d'abord le dossier en main en envoyant sur place des troupes d'élite. Jacques Chirac, conseillé par son ministre des DOM-TOM Bernard Pons, est partisan d'une intervention musclée. Mitterrand, qui privilégie d'abord la négociation, autorise finalement l'assaut, en laissant le soin à Matignon d'en endosser la responsabilité. Le bilan de l'opération du 5 mai est lourd: 19 indépendantistes et deux militaires sont tués et les Kanaks accusent l'armée d'avoir pratiqué des exécutions sommaires. Trois jours plus tard, François Mitterrand est largement réélu. Aujourd'hui encore, des zones d'ombre subsistent sur les responsabilités de l'Élysée et de Matignon dans l'assaut.

» Le 27 mars 2002, la tuerie de Nanterre

À l'issue d'un conseil municipal, un homme se lève et tire une quarantaine de balles sur les élus présents. Le bilan est lourd: 8 personnes sont tuées, 19 blessées. L'auteur des faits, Richard Durn, est interpellé et se suicide le lendemain en se défenestrant des locaux de la brigade criminelle de Paris. La campagne est perturbée. Le 2 avril, vingt jours avant le premier tour, les candidats Jacques Chirac et Lionel Jospin assistent à la cérémonie d'hommage aux victimes. À l'occasion d'un déplacement, le chef de l'État crée la polémique en assurant que «l'insécurité, ça va de l'insécurité ordinaire au drame que nous avons connu cette nuit à Nanterre». Et d'ajouter: «L'insécurité est une préoccupation forte chez l'ensemble de nos concitoyens.»Vive réaction de l'opposition, qui reproche au chef de l'État d'instrumentaliser le drame. «Est-ce que certains voudront déplacer le sujet sur le thème de l'insécurité en général? Cette histoire est tragique, horrible. Et malheur à ceux qui en feraient un élément de campagne», prévient alors le premier secrétaire du PS, un certain François Hollande.

» Le 18 avril 2002, l'agression de Paul Voise

Trois semaines après l'épisode de Nanterre, alors que la thématique de l'insécurité grimpe dans la campagne, un retraité de 72 ans, Paul Voise, est agressé chez lui à Orléans. Sa maison est incendiée. Au lendemain de l'agression, à deux jours du premier tour, TF1 consacre un long sujet au fait divers, qui sera ensuite repris en boucle sur LCI. Le visage tuméfié, en larmes, «Papy Voise» est qualifié de «miraculé». France 2 embraye le lendemain, en couvrant également l'agression, qualifiant le retraité de «trop gentil, au point selon des voisins d'être racketté par certains habitants du quartier». Le lendemain, 21 avril, Lionel Jospin, peu à l'aise sur le terrain de l'insécurité, est disqualifié de la course à l'Élysée au profit de Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac. Pendant l'enquête, des doutes apparaissent sur la personnalité de Paul Voise, qui ne se constitue partie civile qu'en mars 2003, onze mois après les faits. En février 2005, la justice classe l'affaire par un non-lieu.

» Le 27 mars 2007, les émeutes de la gare du Nord

Suite à un contrôle de billets qui tourne mal, la gare du Nord est le théâtre d'affrontements entre des jeunes et les forces de l'ordre. Ségolène Royal évoque «une rupture de confiance entre un grand service public, la police nationale, et les citoyens». François Bayrou parle de son côté d'un «climat d'affrontement perpétuel entre la police et une partie des citoyens». Nicolas Sarkozy, ex-ministre de l'Intérieur, est directement visé. Au lendemain des événements, le candidat de l'UMP accuse ses adversaires d'être «du côté des fraudeurs» et des «émeutiers». «C'est clair: l'autorité et le respect, c'est de notre côté, la fronde et le soutien à la délinquance c'est de l'autre côté!», lance Nicolas Sarkozy à trois semaines du premier tour.

» Mars 2012, le cauchemar Merah

Il y a cinq ans, la France découvre avec effroi le visage de Mohamed Merah. Du 11 au 22 mars 2012, la tête camouflée sous un casque de motard, le Toulousain sème la terreur à bord d'un puissant scooter, prenant d'abord pour cibles des militaires puis à la communauté juive. À Toulouse et Montauban, le jeune homme qui se proclamait «combattant d'al-Qaida» tuera sept personnes au nom du djihad - trois soldats, trois écoliers et un enseignant -, avant d'être tué.

» Les onze jours où Mohamed Merah a fait basculer la France dans l'horreur

La campagne a alors été suspendue, pour la première fois dans l'histoire de la Ve République.

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